7 juillet 2023

Domification en Astrologie : maisons égales ou inégales ?

Par olympiaastrologie

Le choix de la domification (le calcul des 12 maisons d’une roue astrologique) fait partie des premières questions sur lesquelles un astrologue doit trancher afin de pratiquer son art.

Comme souvent en astrologie, il n’y a pas de réponse évidente, pas de consensus… mais une décision à prendre selon sa propre expérience, la cohérence de ce qui est en jeu et la théorie reliant l’astrologie à l’astronomie.

Pourquoi dans les systèmes les plus utilisés (Placidus, Koch, Porphyrius…) les 12 secteurs des maisons sont-ils « tordus », inégaux, éloignés de la valeur angulaire des signes (30°) ? Pourquoi ces compressions ne sont-elles pas les mêmes selon les endroits du globe, la période de l’année, l’heure de la journée ? Pourquoi le Milieu de Ciel n’est-il pas perpendiculaire à l’Ascendant, formant un angle carré précis de 90° ?

Parce que ce serait trop simple ? Il y a un peu de ça… Disons que nous sommes surtout dépendants de la visualisation de notre environnement céleste, vu du sol, dans un référentiel terrestre qui bouge vite.

Celles et ceux qui adoptent le système des Maisons Egales n’ont évidemment pas ce problème. Dans leur système simplifié : l’Ascendant est le point de départ… et à partir de ce point on construit 12 maisons de 30° chacune. Ont-ils raison de simplifier les choses à ce point ?

Quelques éléments de réponses ci-dessous !

Thème d’exemple en Placidus

Ci-dessous, le thème d’Alice Bailey, née le 16/06/1880 à 7h42 à Manchester (UK). Nous avons dessiné le thème avec la domification la plus utilisée : PLACIDUS.

On remarque :

  • Ascendant et Milieu de Ciel sont plus proches d’un trigone que d’un carré. Ils sont tous deux dans deux signes de feu. Il y a 111° d’écart entre les deux.
  • La Maison 1 fait 16°. Par symétrie la maison 7 aussi. Les maisons 4 et 10 font environ 42°.
  • Ces grands rapports de taille dans les maisons (ici la maison 10 a une taille 2.6 fois plus importante que la maison 1) revient souvent dans les Thèmes construits avec une domification comme Placidus. On peut même trouver des cas encore pires.
  • Si on utilisait un système de maisons égales, Neptune serait au tout début de la maison 10, car carré à l’Ascendant. Certains lui donneraient alors une « angularité ». Avec Placidus, ce sont Jupiter et Saturne qui conjointent le Milieu de Ciel et sont alors valorisés.

Visualiser le ciel en 3D

Pour comprendre le calcul des maisons, leur répartition, il n’y a pas vraiment le choix : il faut visualiser comment ASC et MC sont calculés.

La meilleure solution, rapide et efficace, est d’utiliser le logiciel gratuit Stellarium. Cet outil astronomique, mais qui peut aider l’astrologue, permet de se placer en un temps et un endroit voulus, puis de visualiser le ciel local, afin de voir les éléments utilisés en astrologie :

  • Les planètes évidemment
  • L’écliptique
  • Le méridien local

Avant de définir tout ceci, voici le lien pour télécharger Stellarium et le lancer sur votre ordinateur : https://stellarium.org/fr/

Je ne vais pas décrire ici comment on configure le logiciel, pour voir ce qui nous intéresse à l’écran. C’est assez intuitif et il y a une aide en ligne.

Dans les captures d’écran à suivre, voilà comment je l’ai réglé:

  • Je me suis mis au moment de la naissance d’Alice Bailey, le 16 juin 1880, à 7h42 (attention si vous utilisez Stellarium, on rentre les heures TU, donc une conversion est nécessaire, notamment pour une naissance en France, avec en plus la prise en compte des éventuelles corrections d’heures d’été).
  • J’ai réglé le lieu à Manchester.
  • J’ai laissé le dessin du sol, car il va nous servir pour l’Ascendant.
  • J’ai enlevé l’atmosphère… cela permet de ne plus être en plein jour mais de voir les étoiles et les planètes dans le ciel (Alice Bailey est née le matin).
  • J’ai demandé l’affichage de l’écliptique.
  • Idem pour le Méridien.

Donc si quelqu’un était sorti dehors au moment de la naissance d’Alice Bailey, que par un procédé magique il avait pu s’affranchir de la diffraction de la lumière dans l’atmosphère terrestre, il verrait comme cette illustration ci-dessous ! (il est conseillé d’utiliser en vrai Stellarium, en plein écran, pour mieux voir)

Le plus important dans cette image :

  • Vous voyez une courbe orange qui fait un arc au-dessus du sol. Cette courbe est absolument essentielle pour comprendre les domifications. C’est l’écliptique. C’est un cercle autour de nous, à moitié au-dessus de l’horizon, à moitié en-dessous. Il s’agit de la « route » des planètes utilisées en Astrologie.
  • Un zoom ci-dessous pour mieux voir l’endroit où l’écliptique croise la ligne horizontale du sol. Sur l’image, notez la présence en bas de Mars (qui vient de se lever), Mercure (Mercury), le Soleil plus haut (Sun). Remarquez que dans la roue astrologique d’Alice Bailey, Mars est en toute fin de maison 12, proche de l’Ascendant. Cela se traduit dans sa position, vue de la Terre (par Stellarium) par le fait qu’elle soit juste au-dessus de l’horizon.
  • En première approximation : tous les corps (Soleil, Lune, Mercure etc…) sont quelque part sur cette route, avançant ou reculant (lors des rétrogradations).
  • En réalité : il n’y a que le Soleil qui est parfaitement dessus. On le voit bien sur l’image précédente. Les autres corps peuvent s’éloigner quelque peu, au-dessus ou en-dessous, selon leur latitude. Mais ces décalages sont généralement très faibles, sauf pour Pluton, Lune, Mercure.
  • Bien comprendre cela : si vous visualisez le trajet du Soleil le long de la journée : il sera toujours sur l’écliptique.
  • L’endroit où la courbe orange de l’écliptique croise le sol (l’horizon) marque le point le plus important de l’astrologie : l’Ascendant. Voilà pourquoi dans le thème astral Mars est si proche de l’Ascendant.
  • L’endroit où cette même courbe croise le sol mais de l’autre côté (Ouest) c’est le Descendant. Quand le Soleil sera dessus, il se couchera. Ce point est 180° plus loin quand on parcourt le cercle de l’écliptique.
  • Autre courbe hyper importante : la courbe verte, avec la légende « Meridian », qui part du point cardinal sud (‘S’ en rouge) et va vers le haut. C’est le méridien local (local = la ville de Manchester dans notre exemple). Cette courbe passe par Manchester et rejoint le pôle nord et le pôle sud de la Terre. Zoom ci-dessous, notons la présence de Jupiter et Saturne autour du Méridien.
  • C’est donc le méridien ou le midi local. Quand le Soleil viendra dessus, on dira qu’il est « midi » à l’heure du Soleil. Même s’il n’est pas midi à votre montre locale (on dépend du fuseau horaire, des potentiels changements d’heure… dans le cas de Manchester ce 16/06/1880, il sera exactement 12h09).
  • Ce terme de « midi » ou « méridien » signifie surtout, pour nous astrologues, que lorsque le Soleil croisera cette courbe –> ce sera le moment de la journée où le Soleil sera le plus haut dans le ciel cette journée. En fait, c’est le cas pour n’importe quelle planète, pas simplement pour le Soleil.
  • Ce méridien croise forcément la courbe de l’écliptique. Si on projette ce point dans les signes du zodiaque, on obtient : le Milieu de Ciel.

En résumé : ASCENDANT et MILIEU DE CIEL sont définis comme étant le croisement de l’écliptique avec deux autres courbes.

Pour l’Ascendant c’est son intersection avec le sol, l’horizon terrestre.

Pour le Milieu de Ciel c’est le croisement avec le Méridien.

Illustrations ci-dessous en zoomant Stellarium dans le ciel de naissance d’Alice Bailey.

Alors pourquoi ces deux points ne sont-ils pas en carré, formant un angle de 90° ? Tout simplement parce que cette courbe de l’écliptique n’est pas symétrique par rapport au Méridien.

Nous sommes dans un référentiel terrestre quand on parle des 12 maisons, de l’ASC et du MC, nous regardons ces objets, matériels ou immatériels, dans le contexte du lieu et du temps de la naissance de la personne.

Jusque là nous ne parlons que d’astronomie, pas d’astrologie. Ces points (ASC et MC) sont des lieux géométriques parfaitement définis (des croisements de courbes). Ces définitions sont sans appel, on ne parle pas, pour le moment, de comment on calcule les maisons dans une roue astrologique. La réalité locale du terrain au moment de la naissance de quelqu’un nous permet de positionner ASC et MC dans les signes du zodiaque. Et sauf coïncidence, ces deux points ne sont pas à 90° l’un de l’autre.

Donc ensuite, si on parle d’astrologie, si on veut que l’ASC soit le départ de la maison 1 et le MC le départ de la maison 10, on part alors sur une hypothèse où maison 1 et maison 10 ne vont pas pouvoir respecter un écart angulaire de 90°.

Evolution dans le temps

On a montré précédemment comment on trouve le MC et l’ASC au moment d’une naissance.

Mais pourquoi cet écart angulaire ASC-MC n’est-il pas le même tout le temps ? Vous avez peut-être un MC très décalé sur la droite dans votre thème, comme Alice Bailey… votre conjoint a peut-être un MC bien mieux centré sur la roue (si on met l’ASC à gauche bien sûr) tandis que quelqu’un d’autre aura son MC sur la gauche.

La réponse en video ci-dessous. Cette video représente une ballade dans le temps, de 24h environ, mais en vitesse accélérée, le jour de la naissance d’Alice Bailey. La video commence de nuit, puis vous verrez le Soleil se lever, monter au-dessus de l’horizon, culminer au moment où il croisera le Méridien, puis descendre, se coucher, et la nuit arrivera.

Je vous conseille vivement de regarder cette video plusieurs fois pour comprendre cette mécanique mathématique, vue de la Terre. A mettre en plein écran sur votre ordinateur.

24h de mouvement terrestre, 24h de mouvement de l’écliptique vue de la Terre

L’important dans cette video est de constater que :

  • Le Soleil (symbolisé ‘Sun’ dans la légende de Stellarium) est toujours sur cet écliptique, c’est sa route.
  • Le mouvement va de la gauche vers la droite.
  • Les autres planètes (Mercury, Moon…) font le même trajet en étant proche de cette route.
  • L’axe vert du Méridien ne bouge pas, il est fixe. Il passe par le Sud, qui est bien sûr immobile.
  • La courbe orange de l’écliptique est en mouvement. Comme c’est l’été, elle monte très haut au-dessus de l’horizon en journée. Mais elle descend fortement la nuit (il est plus difficile de voir les planètes durant les nuits d’été car elles sont basses au-dessus de l’horizon).
  • Surtout, cet écliptique se décale sur les côtés. Au lever du Soleil, il part sur la gauche très près du Nord-Est (en été, le Soleil se lève plus proche du Nord-Est que de l’Est) alors que sur la droite il est loin d’atteindre le point cardinal Ouest. Durant la journée il se décale progressivement vers la droite (l’Ouest). Au moment du coucher, le Descendant (intersection de la courbe orange avec le sol) est plus proche du Nord-Ouest que de l’Ouest. Le méridien n’est pas du tout centré au milieu de l’écliptique.
  • Sachant que l’ASC représente toujours (quelque soit le moment de la journée) l’intersection de cette écliptique orange avec le sol, on constate ainsi que l’angle entre ASC et MC varie tout le temps, dans des amplitudes importantes. Au lever l’ASC se trouve loin du MC… le soir il est beaucoup plus proche.
  • En résumé, durant l’été :
    • Au lever, le MC est décalé fortement sur la droite, il tend à faire un trigone avec l’ASC.
    • Au midi solaire, il est au carré, bien centré. C’est un moment où les tailles des maisons sont assez proches les unes des autres.
    • Au coucher, le MC se décale à gauche, il tend à faire un sextile avec l’ASC.
    • L’hiver, c’est le contraire.

Culmination, hauteur, méridien

La figure suivante est un zoom au moment de la naissance d’Alice Bailey, autour du méridien (courbe verte).

Pour rappel, le MC est le croisement de la courbe orange (écliptique) avec la courbe verte (méridien).

Sur cette figure, on voit trois planètes, de gauche à droite : Neptune, Jupiter, Saturne.

On voit bien que le MC est encadré par Saturne et Jupiter, comme sur le thème.

Neptune est logiquement plus sur la gauche (davantage avancée dans la maison 10), mais elle apparait plus haute que Jupiter et Saturne.

Cet exemple est juste pour illustrer une notion de vocabulaire, à la fois utilisée en astrologie et en astronomie. Il s’agit de la culmination.

Par définition une planète est en culmination si elle passe par le méridien. En traduction astrologique : elle est en culmination si elle est conjointe au MC, donc au début de la maison 10 ou en fin de maison 9 pour les systèmes de domification à maison inégales.

Dans le cas d’Alice Bailey, Jupiter et Saturne sont en quasi-culmination. Surtout Jupiter qui est à 4° du MC.

Autre définition, pour parler de hauteur par rapport au sol : quand une planète est en culmination (conjonction avec MC), c’est qu’elle atteint son point le plus haut possible dans la journée. Ici, Jupiter ne pourra pas aller plus haut. Voilà pourquoi on dit qu’elle culmine.

En revanche, on a vu sur la figure de Stellarium que Neptune était un peu plus haute que Jupiter et Saturne (par rapport au sol). Figure encore plus zoomée ci-dessous :

Bien que Neptune ne soit pas sur le MC (pour rappel : le croisement des courbes orange et verte), Neptune est la planète la plus haute du ciel d’Alice Bailey. Mais elle ne culmine pas, elle n’est pas encore arrivée sur le MC du ciel du 16/06/1880. Quand Neptune culminera, environ une heure plus tard, elle sera encore plus haute que sa position actuelle. Car l’écliptique continuera de monter jusqu’au midi solaire (quand le Soleil arrivera sur le MC).

Donc paradoxe de vocabulaire et subtilité : une planète qui culmine n’est pas forcément la planète la plus haute dans le ciel de naissance, par rapport à l’horizon. La planète la plus haute est celle qui est la plus proche du carré avec l’ASC. Dans la roue d’Alice Bailey, on voit que c’est Neptune qui a ce rôle. Néanmoins Neptune, même si elle est la planète la plus haute, n’a pas encore atteint son maximum. Une planète sur le MC est à son point de plus grande hauteur. Voilà pourquoi on valorise plus cette position en astrologie (conjonction au MC), que le fait d’être la plus haute des planètes (carré à l’ASC).

Domification : que choisir ?

Tout cela pour en arriver au choix de la domification. Jusque là nous n’avons parlé que de l’ASC, du MC et de la culmination des planètes.

En utilisant la symétrie, ASC et MC définissent également DES et FC.

Nous avons donc 4 angles, 2 axes.

Comme on l’a vu, ces 2 axes ne sont pas perpendiculaires. Et c’est cette non-perpendicularité qui embête certains astrologues.

Pour l’instant, gardons la prépondérance de ces deux axes, donc acceptons que nous ne pouvons pas avoir 12 maisons égales, puisque les quadrants (ensemble de 3 maisons) ne font pas 90°.

Prenons le quadrant qui va du MC jusqu’à l’ASC : il va contenir les maisons 10, 11, 12. Mais où mettre les frontières ? Où placer les cuspides des maisons 11 et 12 ? Il va falloir utiliser des formules de mathématiques.

Placidus

Le système PLACIDUS va fonctionner ainsi : au lever, le Soleil est sur l’ASC ; en culmination il est sur le MC. Durant ce laps de temps (qui n’est pas constant le long de l’année), on va créer 3 sous-périodes égales. En bref, on divise le temps que le Soleil a besoin pour aller de son lever à sa culmination en 3. Quand le Soleil en est au premier tiers, il est sur la cuspide de la maison 12. Quand il en est aux deux tiers, il est sur la cuspide de la maison 11. On a ainsi les 3 maisons du quadrant.

Ensuite, pour aller du MC au coucher (Descendant) le Soleil va avoir besoin du même temps, car le midi solaire coupe la journée en deux. Donc les fameux tiers-temps dont on a parlé se retrouvent l’après-midi et permettent de définir les cuspides des maisons 8 et 9.

Par symétrie, on construit les maisons de 2 à 6, et nous avons nos 12 maisons en Placidus.

PLACIDUS est un système qui fonctionne dans le référentiel temporel et non spatial.

Quelque soit le jour de l’année : en journée, le Soleil a la même probabilité de se trouver en maison 7, qu’en maison 8 , qu’en maison 9 etc… jusqu’à la maison 12. Ce qui est vrai pour le Soleil est vrai pour les autres planètes. En terme de temps, aucune maison n’est privilégiée par rapport aux autres. Ce qui veut dire que statistiquement, si la naissance était un processus aléatoire (ce n’est plus le cas dans les maternités), alors on trouverait autant de personnes avec Soleil en 7, que Soleil en 8, Soleil en 9 etc… jusque 12. Placidus est un système égalitaire en terme de statistiques.

Attention, pour les maisons 1 à 6, c’est la même chose mais pour le temps de la nuit. Or, jour et nuit ne sont égales qu’au moment des équinoxes. Si en été le jour dure deux fois plus longtemps que la nuit, alors le Soleil aura deux fois plus de chance d’être en maison 12 qu’en maison 1. En hiver, c’est l’inverse.

Mais dans chaque hémisphère du thème, l’équilibre temporel est parfait.

Il n’est pas étonnant que ce système soit le plus utilisé en astrologie, ce n’est pas du « moutonisme », il y a une logique mathématique, statistique et même philosophique derrière.

Porphyrius

Le système PORPHYRIUS établit une autre égalité, mais en terme d’espace angulaire. Il va garder les mêmes quadrants que Placidus, mais va tout simplement découper le quadrants en 3 espaces égaux.

Avec ce système, les maisons 1, 2, 3, 7, 8, 9 auront la même taille. Egalement, les maisons 4, 5, 6, 10, 11, 12 auront la même taille.

Exemple : s’il y a 120° entre ASC et MC, alors les maisons 10, 11, 12 auront chacune une taille de 40°. Les maisons 1, 2, 3 se partageant un angle de 60°, auront donc chacune une taille de 20°.

En revanche, si on regarde sur une journée, la probabilité de retrouver le Soleil (ou une autre planète) dans chaque maison ne sera pas égale, surtout si on est proche des solstices.

En été : le Soleil aura plus de chance d’être en maison 12 qu’en maison 10.

Il y a une intention assez logique dans ce système, en ne privilégiant (en terme de « place » dans un thème) aucune maison par rapport aux autres, dans un même quadrant. Mais souvenez-vous de la video faite sur Stellarium : durant la journée, la courbe de l’écliptique se décale constamment, donc égalité en terme de temps et égalité en terme d’angles, ce n’est pas la même chose, surtout dans les périodes extrêmes de l’année (solstices).

Koch

Le système de Koch aboutit souvent à des écarts angulaires entre les maisons encore plus importants qu’avec Placidus.

Dans ce système, la maison 10 d’Alice Bailey fait 57°, presque deux signes entiers !

Ce calcul est plus complexe et moins intuitif que Placidus, mais il marque également une séparation au tiers-temps d’un événement.

Voilà son algorithme :

  • On repère la position du MC au moment de la naissance (dans le cas d’Alice Bailey : Bélier 19°44)
  • On cherche en reculant dans le temps le moment exact où ce point du zodiaque était sur l’Ascendant (donc le moment où ASC à 19°44 Bélier)
  • On découpe en 3 la période de temps entre ceux évenements.
  • Au 1er tiers, on regarde où se trouve l’ASC : cela devient la cuspide de la maison 12.
  • Au 2ème tiers, on regarde où se trouve l’ASC : cela devient la cuspide de la maison 11.
  • Par symétrie, on trouve le reste du thème.

En résumé : Placidus découpe le mouvement du Soleil en parts temporels égales. Koch découpe le mouvement du point du MC en parts temporels égales.

Regiomontanus

On a vu jusque là, des exemples où on partageait la journée en périodes temporelles (Placidus, Koch) ou en angles égaux (Porphyrius).

Un mot sur un exemple où l’on sépare le ciel, donc l’espace en zones égales. Les exemples les plus connus dans cette catégorie sont Campanus et Regiomontanus. Regiomontanus est plus facile à expliquer.

Le principe est de découper notre équateur en 12 parties égales (ce système privilégie une égalité spatiale). Chacune de ces 12 parties est projeté sur l’écliptique, cela vient former le système des 12 maisons.

Attention à la différence : l’écliptique c’est le plan qui coupe la Terre et sur lequel le Soleil tourne toute l’année (les autres planètes sont très proches de ce plan, légèrement décalées en latitude)… l’équateur c’est le plan qui coupe la Terre en deux hémisphères (au niveau du Brésil, du Congo, de l’Indonésie). L’intersection de ces deux plans constitue l’axe Bélier-Balance de l’astrologie tropicale.

On retrouve cette notion d’égalité, de répartition, mais cette fois on le fait dans l’espace et non dans le temps.

A vous de voir ce qui vous semble le plus logique, quand on parle des 12 maisons de l’astrologie ? Faire une égale répartition de l’espace de 360° autour de nous (auquel cas, choisir Campanus ou Regiomontanus) ? Ou répartir équitablement les 24h que forment une journée (dans ce cas, privilégiez Placidus ou Koch) ? Dernière possibilité : répartir équitablement les tailles angulaires dans un quadrant (et là, c’est Porphyrius qu’il faut choisir).

Maisons Egales (Fixes)

Le principe des maisons égales est le plus simple à expliquer car il repart de la définition géométrique de l’Ascendant. Mais à partir de cette position, on construit 12 maisons de 30°.

Le Milieu de Ciel est complètement ignoré dans cette méthode. Il existe toujours, car il a une réalité géométrique incontestable, mais il ne peut plus tomber sur la cuspide de la maison 10. Le Milieu de Ciel devient un point immatériel, comme un noeud lunaire ou une lune noire, mais n’entre plus en jeu dans la construction des maisons.

Dans ce système, la frontière maison 9 / maison 10, si importante en Placidus, Kock, Regiomontanus etc… représente le point le plus haut de l’écliptique (là où se trouvait le Neptune d’Alice Bailey, comme décrit plus haut), mais il n’est plus le point de culmination. Ce point n’indique plus le Sud. On n’attache plus d’importance à la culmination planétaire.

Ce système ne respecte pas la notion d’égalité temporelle et spatiale : les planètes passent des temps très distincts dans les maisons. Notre équateur ne se répartit plus équitablement par projection sur l’écliptique.

Le but de ce système est de garder l’analogie avec la taille fixe des signes du zodiaque (30°) en stipulant que signes et maisons doivent juste être décalées et prendre la même largeur angulaire dans la roue.

Son grand défaut est donc de ne plus tenir compte du tout de la réalité de la géométrie sur Terre, à l’endroit où la personne naît, exceptée l’intersection entre l’écliptique et l’horizon pour trouver l’Ascendant. Mais pour les autres maisons, la répartition dans l’espace et/ou dans le temps est ignorée. Alors que quand on est sur Terre, l’espace et le temps sont des référentiels dans nos vies.

Variantes

A noter qu’il existe une variante, où l’on construit des maisons de tailles fixes de 30° également, mais en partant du MC, qui devient la cuspide de la maison 10. Dans cette variante on privilégie ainsi le MC à l’ASC. Autrement dit : on privilégie le méridien, toujours dirigé dans le Sud, fixe à tout moment de la journée, à l’intersection de l’écliptique avec le sol, qui varie constamment autour du point cardinal Est. L’Ascendant n’est ainsi plus la cuspide de la maison 1.

Autre variante : la techniques des signes entiers, où il n’y a plus de calcul du tout, puisqu’on cherche juste à savoir dans quel signe tombe l’Ascendant (peu importe que ce soit au début, au milieu ou à la fin du signe). La maison 1 épouse alors complètement le signe concerné. Puis la maison 2 englobe le signe suivant, etc.

Dernière variante : le système dit ‘antique’. Il calcule également l’Ascendant mais construit une maison 1 faisant une taille de 30° centrée autour de cet Ascendant. Le croisement horizon-écliptique est alors le milieu de la maison 1 au lieu d’en être le début. Ce système a une double-casquette : se passer non seulement de la position du méridien mais aussi de la frontière de l’horizon, la frontière jour/nuit, visible/invisible, pourtant si symbolique en astrologie. Dans ce système, une planète juste au-dessus (levée) ou juste en-dessous (pas encore levée) sera considérée de la même façon : en maison 1.

Qui est le meilleur ?

Quand on entre dans le jeu des préférences, on entre surtout dans le subjectif.

Tout est légitime, même ce dernier système ‘antique’. Vouloir obtenir des maisons de tailles de 30°, tout comme les signes, est logique. On a l’impression d’avoir une mécanique mieux huilée, que tout est plus harmonieux, plus droit, mieux construit, plus solide, plus angulaire.

Chaque maison a une cuspide dans un signe distinct, bien à lui, pas de signes interceptés, pas de maîtrise oubliée ou doublée…

C’est néanmoins faire fi de la réalité de la géométrie sur Terre. L’écliptique est la route de l’astrologie puisque c’est là où se promènent les planètes. Cet écliptique est mobile, comme on l’a vu sur la vidéo, il se décentre par rapport aux points cardinaux, en permanence. Il se décale vers l’est, puis vers l’ouest, il monte et il descend en hauteur par rapport à l’horizon. L’axe Nord-Sud (le méridien qui permet de déterminer MC et FC) est fixe, il se fait intersecter à vitesse angulaire constante par l’écliptique, donc par les 12 signes du zodiaque. Oublier cet axe, comme le font les systèmes des maisons égales, c’est oublier la réalité du temps sur Terre. L’axe des pôles est tellement important, on se repère avec lui, que l’oublier dans le calcul des maisons semble cavalier.

Prendre en compte la complexité de ces courbes, leurs intersections, vues du sol, vues du lieu où nous sommes nés, c’est accepter que l’astrologie se vit sur Terre. Le principe des maisons en astrologie est de matérialiser dans nos expériences terrestres la signification zodiacale des planètes. Même si ces courbes paraissent « bordéliques » ou anarchiques (ce qui n’est pas le cas) c’est la vie terrestre qui est ainsi illustrée, avec ces inégalités entre les saisons, les jours et les nuits, les latitudes.

C’est dans les 12 maisons qu’on parle de santé, d’argent, de travail, de la famille, du couple, des enfants, des études, de la communication, de sexualité, des contraintes de la vie… Donc simplifier en disant que ces maisons doivent faire la même taille car les 12 signes du zodiaque font aussi la même taille, c’est quitter le plancher des vaches et ne pas prendre en compte le lieu de naissance, avec sa latitude, le moment de la journée etc. Cela donne une vision assez désincarnée.

Le système Placidus a le mérite de découper le moment du jour en 6 parties égales et le moment de la nuit en 6 autres parties égales. Dans le rythme de nos vies, cela semble cohérent. Même dans la société moderne, et même si c’était encore plus vrai auparavant, nos corps et nos rapports sociaux obéissent à ce rythme… entre le lever du soleil, sa culmination, puis son coucher, nos vies se calent sur ces moments de la vie. Notre corps suit ces biorythmes, notre vie sociale également. L’alimentation, les interactions avec la famille, les désirs, les moments de détente, la vie intellectuelle, tout ce qu’on peut lire dans les 12 maisons de l’astrologie suit cette logique solaire.

Esthétiquement, cela peut choquer de voir des maisons compressées ou dilatées autour d’une roue, d’autant plus que le nombre de systèmes de domifications différents rajoute de la confusion. Mais c’est la réalité de nos journées sur Terre, ce « bazar » si humain avec cet écliptique qui danse autour du méridien sans jamais se stabiliser. Vu du sol, là où nous sommes nés, c’est ainsi que la géométrie est construite. Ce n’est pas la même vision vue du ciel, mais les maisons astrologiques sont complètement incarnées sur Terre.

Quand on monte haut dans les latitudes, quand on franchit les cercles polaires, il n’est plus possible d’utiliser le système Placidus. Les calculs mathématiques ne fonctionnent plus. Cet argument est souvent utilisé par les anti-Placidus. C’est irréfutable : au nord de la Norvège et de la Suède, nous ne pouvons pas calculer les 12 maisons avec Placidus. Nous sommes dans des zones avec des périodes de jour permanent ou de nuit permanente, donc toute la théorie sur la course du soleil à découper en 6 moments égaux n’a plus de sens. Comment faire de l’astrologie si haut dans le nord et si bas dans le sud ? Bonne question ! Je n’ai jamais rencontré personne dans ce cas.

Mais si c’est le seul argument contre Placidus, il est aussi valable contre les autres systèmes : si l’écliptique monte de 1° au-dessus de l’horizon il devient non-pertinent de chercher une intersection avec le sol. Quand le Soleil est aussi loin dans les extrêmes, qu’il ne se lève plus ou qu’il ne se couche plus, nous ne pouvons plus parler de maisons astrologiques, quelque soit la technique. Donc ce n’est pas parce que la formule de Placidus ne fonctionne plus, que les autres systèmes sont plus malins. Aucun ne peut fonctionner aussi près des pôles, il n’y a plus de maisons.

Un dernier mot sur les exemples trouvés à droite à gauche, disant : « la preuve que Placidus ne marche pas et que les maisons égales fonctionnent : prenez le thème de Mr X, avec Placidus il a Vénus en maison 9 alors qu’avec les maisons égales il a Vénus en maison 8, ce qui est bien plus cohérent! »…

Ces exemples doivent partir d’une hypothèse non négociable : l’heure de naissance doit être connue parfaitement.

Si jamais vous voulez vérifier sur un ensemble de thèmes si Placidus est meilleur que Koch, ou si les maisons égales sont mieux que les maisons inégales, l’empirisme pousse à tester sur des cas bien réels. Or quand on parle des maisons, il faut connaître l’heure de naissance à 5 minutes près.

En toute rigueur, on ne peut même pas le faire sur son propre thème. A moins que papa et maman soient sûrs d’eux, ce qui est malheureusement rare. Donc, excepté sur le thème de ses propres enfants si on a été vigilant au moment de la naissance, il parait difficile de trancher sur des exemples de thèmes si Placidus est mieux qu’un autre ? J’aurais plutôt tendance à me fier à la logique de la théorie qu’il y a derrière.

En tout cas, prendre des exemples de célébrités 1) dont on n’est pas sûr de l’heure de naissance (un thème avec une heure de naissance qui se termine en 00 pour les minutes : est-ce fiable ?) 2) qu’on ne connaît pas intimement, avec le risque de faire des erreurs de jugement en transformant la réalité en un résultat qu’on désir obtenir (la fameuse pratique de l’astrologie appliquée sur les célébrités, ou comment jongler avec les faits…), ce n’est pas science-friendly.

Par chance, on a un ou deux enfants dont les planètes changent de maisons si on prend Placidus, Koch, Regiomontanus, les tailles fixes… mais cela ne donne pas un grand panel d’études malheureusement.

Bonne chance et bon courage si vous souhaitez vous lancer là-dedans, dans la quête de la domification qui vous semble la plus convenable.

Une remarque pour finir : l’exemple donné sur Stellarium a été réalisé pour l’hémisphère nord, à une latitude raisonnable. N’hésitez pas à jouer avec, en vous positionnant un peu partout. Cet outil est très intéressant et pédagogique pour la découverte de l’astrologie. Une autre grande utilité pour les astrologues : il permet de comprendre le fonctionnement des Parans.